Tourisme en Sarthe : La carte de la proximité, de l’authenticité et de la nature

"Cette saison estivale a été celle du retour des visiteurs étrangers !" affirme Véronique Rivron, présidente de Sarthe Tourisme et vice-présidente du Conseil départemental. Les Britanniques, les Hollandais, les Belges et les Allemands, ont repris le chemin de la Sarthe, de même que les Américains qui représentaient, cet été, la cinquième clientèle étrangère du département (alors qu’elle n’était que la huitième avant 2020). En Vallée du Loir, 11 % des contacts de l’office de tourisme étaient des étrangers (contre 6 % en 2021), dont 49 % de Britanniques.

 

 

La clientèle française, qui a également sillonné la Sarthe en nombre, était principalement composée d’habitants d’Île-de-France, des Pays de la Loire, et de régions limitrophes au département. "Nous accueillons, notamment, de plus en plus de visiteurs venant du Centre-Val de Loire, de Bretagne, ainsi que de Vendée et Loire-Atlantique, souligne Vanessa Bellier, coordonnatrice de l’office de tourisme des Alpes mancelles. J’observe surtout que, depuis 2020, les Sarthois redécouvrent leur territoire."

 

Ce constat est partagé par sa collègue de l’office de Tourisme Maine saosnois, Brigitte Hérisson qui ajoute : "Nous rencontrons de nouveau un grand intérêt pour le patrimoine bâti." Afin de satisfaire cette demande et proposer une offre originale, ce même office a développé un réseau de Greeters. "Ce sont des habitants qui construisent des parcours autour de thèmes insolites qui les passionnent : personnages historiques locaux, le chanvre et son exploitation, faune et flore de la forêt… détaille Yvette Sourdille, présidente de l’association qui gère l’office de tourisme Maine saosnois. Ces balades permettent à chacun de prendre son temps et répondent à une recherche de plus en plus affirmée d’authenticité."

 

De plus, professionnels et élus constatent que les visiteurs prolongent de plus en plus la durée de leur séjour, que ce soit en Pays du Mans, en Vallée du Loir, dans les Alpes mancelles…

 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les bons résultats de cette saison touristique. Le centenaire des 24 Heures du Mans a, sans aucun doute, contribué à cette réussite. De même, la météo clémente du printemps et de l’automne a favorisé l’étalement de la saison, compensant largement certaines baisses de fréquentation liées à un temps moins agréable au milieu de l’été. Cependant, le tourisme sarthois doit, avant tout, son développement au déploiement d’infrastructures et de services qui répondent aux attentes des vacanciers… et des Sarthois. 

 

 

Les collectivités et les acteurs publics du tourisme interviennent sur trois champs : le développement de l’offre, en investissant notamment dans des infrastructures, la promotion de ces propositions touristiques et des destinations, l’observation des évolutions de la fréquentation pour mieux déceler les attentes. Concernant ce dernier point, les offices de tourisme, les pays et Sarthe Tourisme développent un partenariat avec l’opérateur Orange, dans le but d’obtenir des statistiques beaucoup plus précises sur les déplacements des visiteurs, tout en respectant parfaitement l’anonymat de chacun. "Notre mission commune est également de conseiller et d’accompagner les prestataires privés et d’aider à l’implantation et à la création de nouvelles offres touristiques sur le Département. Les élus et les professionnels du tourisme forment un véritable réseau de coopération et de partenariat que nous entretenons", ajoute Véronique Rivron.

 

Vice-président du Pays du Mans en charge du tourisme et président de la Communauté de communes Maine Cœur de Sarthe, David Cholet rappelle, en ce sens, que les pays sont au service des communautés de communes et des communes, "qui nous apportent leur connaissance du terrain. Notre objectif, qui s’inscrit sur le long terme, est notamment d’accompagner les projets locaux, comme nous l’avons fait pour la valorisation de la fonderie d’Antoigné à Sainte-Jamme-sur-Sarthe, et d’assurer la mise en réseau des acteurs touristiques."

 

 

Conseil départemental, collectivités locales, et acteurs privés travaillent ainsi, main dans la main, au déploiement de cheminements dédiés aux randonneurs. Le vélo est, tout particulièrement un moyen de locomotion de plus en plus prisé par les vacanciers. Ceux-ci plébiscitent deux itinéraires : la Vélobuissonnière, qui relie l’Orne à l’Anjou en traversant la Sarthe sur 250 km, et les 320 km de l’itinéraire "La Vallée du Loir à vélo". Aujourd’hui plus de 1 000 km de boucles cyclo-touristiques quadrillent le département, générant diverses activités économiques et contribuant à remplir des campings qui s’équipent, comme à La Chartre-sur-le-Loir d’hébergements dédiés à ce public. Dans ce même esprit, la Voie verte qui relie Bessé-sur-Braye à Montval-sur-Loir, réalisée par le Département et gérée par les intercommunalités traversées (principalement Loir-Lucé-Bercé) a immédiatement séduit le public.

 

Dans cette continuité, une étude vient d’être lancée sur l'aménagement du bassin des Rivières de l’Ouest, nouvelle destination du tourisme fluvial.  "L’Anjou, la Mayenne et la Sarthe disposent du premier réseau de rivières navigables de France. Notre volonté est d’optimiser ce potentiel", révèle Véronique Rivron. Ce projet rejoint les objectifs de la Ville du Mans dont l’une des priorités est la valorisation de son port. 

 

 

 

 

Autre tendance : la recherche de propositions et d’équipements en harmonie avec la nature. "Les hébergements en toile et en structure bois sont l’avenir des campings et nous allons devoir réfléchir à l’évolution des emplacements", affirme Marc Lesschaeve, maire de Luché-Pringé et vice-président de la Communauté de communes Sud Sarthe en charge du tourisme. Également dans cette perspective, Sarthe Tourisme, avec la CCI Le Mans Sarthe, déploie le Fonds Tourisme Durable, un dispositif mis en place par l’État et l’Ademe pour encourager les restaurateurs et les hébergeurs à financer des équipements écoresponsables. L’aide peut couvrir jusqu’à 80 % des investissements de transition écologique.

 

Le renforcement de l’hôtellerie est, en ce sens, l’un des enjeux majeurs du développement touristique sarthois, surtout en zone rurale. "Même si les hébergements privés répondent en grande partie aux besoins, il faut veiller à maintenir la qualité de l’accueil. Avec le développement des plateformes de type Airbnb, il semble simple d’ouvrir un hébergement. Mais il faut être attentif au respect des règles et des normes", souligne Vanessa Bellier, rappelant que les visiteurs sont, à juste titre, de plus en plus exigeants. Recenser tous ces logements et s’assurer qu’ils répondent aux besoins : tel est l’un des nouveaux défis.