Tourisme d’affaires en Sarthe : L’union fait la force

"Un touriste d’affaires génère 2,5 fois plus de chiffre d’affaires qu’un touriste traditionnel, rappelle Mark Watkins, directeur associé et fondateur de Coach Omnium, une société de stratégie et d’études marketing pour le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les séminaires, conventions… Et si le marché reste fluctuant d’une année sur l’autre, la tendance est clairement favorable."

 

 

D’après ce professionnel, le secteur des MICE, en particulier, a beaucoup évolué au cours de ces vingt dernières années. "Il y a un avant et un après RTT, poursuit Marc Watkins. Depuis l’instauration des 35 heures hebdomadaires, il n’est plus question de mélanger vie privée et vie professionnelle. Les entreprises ont renoncé à organiser des séminaires le week-end pour concentrer ces événements sur la semaine et, plus spécifiquement, entre le mardi et le jeudi. En conséquence, la durée moyenne des MICE est passée de trois à deux jours en dix ans."

 

Dans cette même logique, les organisateurs recherchent désormais des espaces d’accueil situés à moins d’une heure du siège de l’entreprise, où dans les villes les mieux desservies lorsque les locaux de la société sont multiples.

 

"Je constate également que de plus en plus de sociétés font le choix d’aménager dans leurs propres locaux des salles de séminaires parfaitement équipées qui permettent de gagner du temps… sans offrir pour autant le dépaysement", ajoute Marc Watkins.

 

La crise économique de 2008 a également eu des répercussions sur le secteur d’activités. Tant pour des raisons financières que de communication interne, les entreprises ont pour la plupart (à l’exception notable du secteur bancaire) renoncé aux lieux luxueux, voire "bling-bling", pour privilégier des sites fonctionnels et souvent atypiques (haras, habitats troglodytiques, parcs de loisirs, hôtels moyen et haut de gamme…).

 

La priorité des entrepreneurs est de permettre à leurs personnels de se sentir bien, pour travailler efficacement dans un environnement surprenant, mais qui ne soit pas déstabilisant. Dans cet esprit, la part du programme consacrée aux animations ludiques, culturelles et sportives a considérablement diminué, voire disparu. 

 

"Aujourd’hui, les séminaires concentrent les d’objectifs - former, stimuler, assurer la cohésion d’équipe - tout en conservant leurs deux vocations principales : faire passer les messages et valoriser les participants, résume Mark Watkins. De même, les entrepreneurs privilégient les activités périphériques favorisant l’enrichissement personnel et s’inspirant des émissions de télévision : cours d’œnologie, de cuisine…"

 

 

Dans ce cadre, la Sarthe, et plus particulièrement la métropole mancelle, dispose de deux atouts majeurs : sa situation géographique et ses dessertes en transport. À seulement une heure de Paris en TGV et ralliant en ligne directe les plus grandes villes françaises (Nantes, Lyon, Strasbourg, Lille, Bordeaux et Tours, Marseille, Brest et Rennes…), au cœur d’un nœud autoroutier menant vers les quatre points cardinaux de l’Hexagone,

 

Le Mans et sa région répondent parfaitement aux contraintes nouvelles des entreprises, garantissant la proximité tout en offrant le dépaysement et une réelle diversité de prestations. C’est ce qu’ont très bien compris plusieurs prestataires sarthois, gestionnaires de sites d’exception, qui ont fait le choix de se regrouper au sein d'un collectif Businessland. 

 

 

"Nous avons mis en place ce collectif il y a deux ans", explique Karine Lemoine, responsable coordination séminaires du Pôle européen du cheval(1), situé à Yvré-l’Évêque. Celui-ci rassemble les responsables du circuit des 24 Heures, du MMArena, d’Antarès, du Centre des expositions du Mans, du Palais des congrès, de l'abbaye royale de l'Épau et du zoo de La Flèche, de même que le Club hôtelier de la Sarthe. "Tous nos lieux sont uniques et prestigieux. Le zoo et le circuit, en particulier, sont des locomotives, qui font rêver."

 

Accompagnés par Sarthe développement et par la Chambre de Commerce et d’industrie, les membres de Businessland ont déjà mis en place un site Internet ainsi que plusieurs actions communes. "Nous nous sommes notamment rendus ensemble sur plusieurs salons touristiques de haut niveau", détaille Karine Lemoine. De plus, Sarthe développement s’apprête à recruter un stagiaire qui sera spécifiquement missionné pour travailler au développement du collectif et de sa communication.

 

"Après une phase de mise en place qui nous a permis d’apprendre à nous connaître, le collectif est aujourd’hui pleinement opérationnel. Ainsi, le site présente l’ensemble de nos offres et surtout permet au client potentiel d’avoir un interlocuteur unique qui, en l’espace de 48 heures, répond à sa demande en s’adaptant à ses besoins, résume Karine Lemoine. Nous allions, ainsi, réactivité et efficacité."

 

 

Incontestablement, une véritable dynamique locale a vu le jour et prend de l’ampleur grâce à la création de ce Businessland. "Entre membres du collectif, nous nous considérons désormais comme des homologues et non comme des concurrents, souligne Karine Lemoine. Ensemble, nous avons pu constater que nous partagions la même passion pour la Sarthe et Le Mans. C’est pourquoi, en nous rassemblant, nous trouvons plus facilement les arguments pour mettre en valeur notre territoire qui se distingue par la qualité de ses équipements sportifs et, plus globalement, par une véritable culture locale du sport. Nous mettons à profit notre travail collectif et nos complémentarités pour construire une stratégie qui se traduit par le déploiement d’offres multi-sites correspondant à l’évolution de la demande."

 

Dès à présent, les prestataires de Businessland commencent à ressentir les effets positifs de leurs initiatives. "Notre présence sur les salons a été très bien ressentie. Elle a suscité un véritable intérêt et a débouché sur de nouveaux contrats. Le club nous a déjà permis d’élargir notre clientèle vers la région parisienne et le grand Ouest", poursuit la responsable coordination séminaires du Pôle européen du cheval.

 

"Depuis plusieurs années, nous avons observé plusieurs initiatives menées par les collectivités pour s’implanter sur le marché des MICE. Nombre d’entre elles élaborent des chartes de qualité qui rassemblent les prestataires locaux et, souvent, mettent en place un bureau dédié. Ces expériences sont plutôt positives, à la condition que la collectivité ne se substitue pas aux professionnels. Nous constatons aussi que la mise en commun des fichiers clients reste souvent un obstacle à la mutualisation des prestations", affirme Mark Watkins.

 

Jusqu’à présent, il apparaît que l’équipe de Businessland a su échapper aux pièges décrits par le directeur de Coach Omnium. La Sarthe joue la carte de la solidarité, de la convivialité et des compétences internes pour développer une activité de séminaires en bonne santé et en évolution permanente où les initiatives originales sont les bienvenues.

 

 

(1) Le Pôle européen du Cheval, à Yvré-l’Évêque, n’a pas son pareil en France. Créé par Philippe Rossi, le site propose des épreuves équestres d’envergure nationale et internationale tout au long de l’année (saut d’obstacles, dressage…), ainsi que des stages. Au cœur d’un décor rural et forestier grandiose de 40 hectares, disposant d’infrastructures fonctionnelles et originales (salle de conférences, restaurant, cottages, gîte, chambres…), il peut accueillir tout type de séminaire.