La rencontre se déroule un matin de novembre dans une salle au-dessus du Carrefour Le Mans Centre Sud à l’heure du petit déjeuner. Là, une trentaine de personnes sont venues à l’invitation de la commission RSE du Medef et du Pays du Mans pour écouter Simon Fouchet, gérant de l’hypermarché Carrefour qu’il a repris en franchise en novembre 2021, présenter son retour d’expérience des actions menées pour lutter contre les déchets et le gaspillage. Avec lui, ses deux partenaires dans cette démarche, les start-up Smartway et Phenix.
Une démarche anti-gaspillage qui s’inscrit dans un environnement légal (voir encadré) qui a quelque peu évolué avec la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) votée en 2020 et qui évoluera encore dans le futur notamment à travers la mise en place par palier et par secteur de certaines obligations. Et si la distribution reste un petit contributeur (14 %) dans ce cycle du gaspillage (la production représentant 32 %, la transformation 21 %, et la restauration hors et dans les foyers 33 %), les lois la visent en priorité. Non sans une certaine recherche d’efficacité, une démarche anti-gaspi revendiquée et bien communiquée dans les lieux de consommation, notamment alimentaire, peut avoir une influence directe et régulière sur le consommateur.
S’agissant du Carrefour Le Mans Sud, la démarche très volontariste de Simon Fouchet s’inscrit elle aussi dans un contexte particulier. Lancer ce projet dès son arrivée était volontaire : "au démarrage, c’est là que l’on peut maximiser le changement. C’était le meilleur moment pour donner corps à un projet qui touche toutes les équipes, tous les maillons de la chaîne et qui nous touche tous individuellement. L’anti-gaspi, c’est un sujet assez facile pour avoir de la cohésion, le thème est engageant : personne ne va vous dire "moi, l’anti-gaspi, je m’en fiche !". Et, de fait, le projet a pris de suite, non sans une sérieuse préparation : "je connaissais des interlocuteurs chez Smartway et Phenix et quand j’ai pris le magasin en franchise, je leur ai dit que je mettais ce projet en action. J’ai aussi tout de suite dit que je ne voulais pas qu’ils apportent que de la "tech", je voulais aussi de l’accompagnement humain."
De la tech et du temps
Un accompagnement indispensable car lutter contre le gaspillage dans un hyper de cette taille n’a rien de simple, c’est même très technique. Les raisons de ce gaspillage alimentaire sont multiples : un réapprovisionnement des stocks trop important, l’approche des dates limites de consommation (DLC) de certains produits, une mauvaise interprétation de la durée de vie des produits (DDM), la non-conformité esthétique de certains produits (fruits et légumes), des produits abîmés ou défectueux (fruits et légumes trop mûrs, emballage cabossé, sachets ouverts), une rupture de la chaîne du froid, des comportements consommateurs inadaptés (recherche de DLC plus longues, produits frais déposés ailleurs...).

La première partie du process est très technologique, très précise et longue à mettre en place. "Avec une équipe de 70 personnes, cela prend un peu de temps, précise Simon Fouchet. Il faut un management de proximité et un accompagnement bienveillant, car finalement si quelqu’un n’a pas envie de le faire, il ne le fait pas. On ne l’a pas fait dans une démarche contrôlante avec des alertes et notifications à chaque étape. Ce que je veux, c’est que les salariés comprennent pourquoi ils le font. Après, tout le monde prend la main et se réalise dans ce genre de responsabilité parce qu’ils comprennent l’enjeu de leur action. Aujourd’hui, ce sont les équipes qui portent ce projet !"
Tout comme la loi AGEC ne traite pas que de la distribution, ni que de l’alimentaire, Simon Fouchet entend s’attaquer à d’autres problématiques : "mon rêve, c’est de ne plus avoir de poubelles. Après, j’ai envie d’aller encore plus loin avec toute la partie recyclage, toutes les filières que l’on peut encore solliciter. J’essaie de creuser pour vraiment demain avoir la plus faible empreinte possible. Tout n’est pas parfait, mais avec de petits ajustements, on arrive à faire des choses pas mal. On va tous y venir et, franchement, ce sont des sujets passionnants et stimulants."
En savoir plus
Les lois sur le don et l’anti-gaspi
- 1989 : Loi Coluche
Déduction fiscale lors de dons pour des associations caritatives et humanitaires considérées comme étant des organismes d’aide aux personnes en difficulté.
- 2016 : Loi Garot
Interdiction pour les distributeurs de rendre impropres des denrées encore consommables.
Obligation pour les surfaces de vente de plus de 400 m2 de signer une convention de don avec une association d’aide alimentaire.
- 2018 : Loi Egalim
Encadrement des avantages promotionnels accordés ayant pour effet de réduire le prix de vente des produits.
Mise en place d’un plan de gestion pour assurer la qualité du don, impliquant formation et sensibilisation du personnel.
- 2020 : Loi Agec
Transformer le système en profondeur : tel est l’objectif de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, dont les 130 articles permettent de lutter contre toutes les différentes formes de gaspillage. La loi vise à transformer notre économie linéaire (produire, consommer, jeter) en une économie circulaire.
Elle se décline en cinq grands axes :
• sortir du plastique jetable ;
• mieux informer les consommateurs ;
• lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire ;
• agir contre l’obsolescence programmée ;
• mieux produire.
Elle fixe des objectifs par palier pour les années à venir.
Concernant la distribution : sanctions renforcées pour la destruction de denrées alimentaires, création d’un label national "anti-gaspillage alimentaire" (en cours), interdiction de destruction des invendus non alimentaires en favorisant le don aux associations (2022).
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