Deux blessés graves lors de l'explosion dans l'usine de produits chimiques Brenntag dans le Tarn, deux morts à Dieppe chez le fabricant d'huiles végétales Saipol, trois salariés gravement brûlés lors de l'explosion d'un silo à grains dans le port de Strasbourg… Ces trois accidents significatifs survenus depuis début 2018 impliquaient des zones Atex.
"L'accident a toujours des conséquences très graves. Avec la concentration de gaz, vapeurs ou poussières, il s'agit d'un feu qui se propage à très grande vitesse, sans possibilité de fuite pour les personnes sur place. Quand l'accident survient, on ne peut rien faire, c'est trop tard," affirme Pascale Limonier, directrice région Ouest du CNPP, expert en prévention et maîtrise des risques. "Vu l'actualité, il est probable que les autorités soient particulièrement vigilantes sur ce sujet dans les années à venir".
Pour maîtriser le risque d'explosion et assurer la protection des travailleurs, la directive Atex 1999/92/CE est en vigueur depuis 2003. "Transcrite dans le code du travail, c'est une problématique de protection des salariés. Comme il s'agit d'éviter des accidents très graves, elle fixe un cadre plus précis que pour d’autres risques".
Atex ou pas ?
Petit rappel… Qu'est-ce qu'une atmosphère explosive ? C'est un mélange avec l’air, dans les conditions atmosphériques, de substances inflammables sous forme de gaz (méthane, hydrogène, acétylène, etc.), vapeurs (sulfure de carbone, acétone, alcool éthylique, etc.) ou poussières (amidon, aluminium, céréales, etc.), dans lequel, après inflammation, la combustion se propage à l’ensemble du mélange non brûlé.
Potentiellement, tous les secteurs d’activités sont concernés dès lors qu’ils mettent en œuvre des produits inflammables et des poussières combustibles (à l'exception des produits incombustibles : plâtre, minéraux, etc.). Par exemple, un stockage en silos, un atelier de peinture, la transformation des métaux, une papeterie, un stockage de produits inflammables, de la petite à la très grande entreprise. "En général, le risque est mieux identifié sur les gaz que sur les poussières. Il est aussi mieux pris en compte dans l'industrie chimique que dans le secteur agroalimentaire (poudres, farine) ou l'industrie du bois (poussières de bois) par exemple."
Quelles mesures prendre ?
Quand c'est possible, l'employeur doit empêcher la formation d'Atex (remplacement des substances, limitation de la concentration, élimination des dépôts de poussières, etc.) ou éviter l'inflammation si la nature de l'activité ne permet pas d'empêcher leur formation, et enfin, mettre en place des moyens de protection des travailleurs.
Pour y parvenir, il doit classer en zones les emplacements dangereux. Il en existe trois types : 0 (atmosphère explosive en permanence ou quasi permanence), 1 (atmosphère explosive pendant le fonctionnement normal de l'installation) et 2 (atmosphère explosive en fonctionnement dégradé). Ensuite, il doit équiper ces zones de matériels conformes à la directive Atex, prendre des mesures organisationnelles de protection contre les explosions (formation du personnel, signalement des emplacements à risque, modes opératoires de travail et de travaux, etc.) puis établir et mettre à jour le Document relatif à la protection contre les explosions (DRPCE).
"Toute la démarche est fondée sur le zonage, mieux vaut qu'il soit le plus précis possible !". Un classement surévaluant le risque peut induire un suréquipement en matériels conformes. Les coûts peuvent alors être nettement majorés sachant qu'un équipement Atex peut coûter deux à dix fois plus cher que du matériel standard. Les mesures organisationnelles sont aussi impactées. Un zonage précis permet de mieux cibler la zone à traiter en matière de prévention : consignes, signalisation, formation, etc.
Une nouvelle version de la norme de classement de zone est entrée en vigueur le 30 octobre 2018. Elle permet d'optimiser le classement de zone des installations en proposant une méthode scientifique de calcul beaucoup plus fine. Les entreprises peuvent s'attendre à réduire leur classement Atex, ou l'étendue de la zone concernée. Cette nouvelle version n'est pas d'application obligatoire à ce jour, comme c'est le cas pour de nombreuses normes, mais peut être pertinente si le chef d'entreprise estime que son zonage Atex n'est pas optimisé.
En savoir plus
Atelier à la CCI
La démarche Atex
J'ai une cabine d’émaillage ? une cabine de peinture ? à poudre, solvant, eau ? une armoire électrique type contrôle commande avec batterie ? J'utilise du plâtre ? des billes de plastique ? du titane en nanotechnologie ? Suis-je concerné par les atmosphères explosives ? Pour le savoir, participez à l'atelier proposé à la CCI le 29 novembre de 14 h à 17 h.
Il sera animé par Pascale Limonier, directrice région Ouest du CNPP (Centre national de prévention et de protection). Ingénieur de formation, elle travaille depuis treize ans dans cet organisme indépendant, créé en 1956 par la FFA (Fédération française de l'assurance) pour définir les règles de bonnes pratiques en matière de protection incendie et de lutte contre le vol.
Qu’est-ce qu’une atmosphère explosive ? Comment survient une Atex ? Quelle démarche adopter ? Les accidents récents et leurs conséquences, le cadre réglementaire et sa philosophie, les obligations des entreprises seront au programme.
Contact : Katy Rondeau au 02 43 21 00 37
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