
En général, les entreprises n'ont pas assez conscience des risques de malveillance auxquels elles peuvent être confrontées. "La contrainte réglementaire est faible car il s’agit de protéger des biens privés, ce qui ne relève pas du législateur qui protège les biens communs. D'où un risque bien souvent sous-estimé."
Pourtant les actes à redouter sont multiples. Il s'agit bien souvent de dérober des biens ou d'exprimer un mécontentement (problème de voisinage, vengeance d'un ancien salarié, etc.). On pense bien entendu aux agressions d'origine extérieure, mais les actes de malveillance peuvent aussi être commis par des personnes en interne (salariés, stagiaires, prestataires, etc.) même si, heureusement, c'est plus rare.
Les dommages occasionnés peuvent être accomplis avec une réelle volonté de nuire ou peuvent être la conséquence d'un accident lié à une intrusion mais sans volonté de porter atteinte aux personnes et aux biens. Dans une entreprise industrielle par exemple, la présence non autorisée de personnes extérieures peut provoquer des accidents, avec les incendies en tête des phénomènes dangereux engendrés.
Sécuriser l'entreprise
Pour lutter contre la malveillance, il est nécessaire d'anticiper et de s'organiser. Pascale Limonier conseille d'identifier au mieux les risques. "Quelles sont les valeurs au sens large à protéger et quelles sont les menaces qui pèsent sur celles-ci ? Où sommes-nous vulnérables ?" Après, il s'agit de mettre en place les mesures adéquates.
Elle préconise l'utilisation de différents moyens techniques : renforcement des clôtures (et contrôle régulier de leur intégrité), contrôle d’accès, détection d'intrusion, fermeture des issues des bâtiments et du site, etc. D'abord, il est important de dissuader, via notamment des panneaux d'information, la vidéosurveillance et les postes de garde. Ensuite, de détecter avec des alarmes, des systèmes de détection de mouvement ou de détection de chaleur. Puis, de protéger par diverses mesures : sécuriser ou déplacer les équipements sensibles, sécuriser les stockages, mettre en place des mesures préventives pour éviter les atteintes au milieu naturel (empêcher l'écoulement de produits toxiques). Enfin, prévoir les mesures d'intervention. Dès lors qu'un acte de malveillance est détecté, l'entreprise doit réagir en mode de gestion de crise.
Il est recommandé d'être particulièrement vigilant pendant les périodes de faible activité. Les actes malveillants surviennent souvent de nuit, pendant une période de fermeture du site, d'absence du personnel, d'absence du dirigeant…
L'affaire de tous
La sûreté en entreprise concerne tout le monde et pas seulement l'équipe sûreté (quand elle existe…). "Associer son personnel aux mesures mises en place est absolument nécessaire pour que cela fonctionne, recommande Pascale Limonier. Les mesures doivent être comprises pour être appliquées, et certaines dispositions techniques ne peuvent se faire sans l’accord des instances paritaires."

Au-delà de la malveillance "ordinaire", de nouvelles menaces sont apparues avec les actes de terrorisme qui se sont multipliés. Les entreprises peuvent être une cible de personnes ou d'organisations extrémistes, même si heureusement cela reste rare. Les industries sont des sites sensibles qui peuvent être utilisés comme une arme. Les installations classées Seveso ont d'ailleurs reçu des instructions gouvernementales pour mettre en place un certain nombre de mesures. "Les OIV (opérateurs d’importance vitale) et les PIV (points d’importance vitale) sont déjà en lien avec la DGSI (1) et disposent de directives de sûreté", précise la directrice régionale du CNPP.
Pour les autres entreprises, quelle que soit leur activité, le risque zéro n'existe pas. Il est conseillé de redoubler de vigilance et de tirer les leçons des événements passés.
(1) Direction générale de la sécurité intérieure.
En savoir plus
Atelier à la CCI
Comment gérer la sûreté dans son entreprise
Pascale Limonier, directrice région Ouest du CNPP (Centre national de prévention et de protection) animera un atelier à la CCI le 27 septembre de 14 h à 17 h. Ingénieur de formation, elle travaille depuis treize ans dans cet organisme indépendant, créé en 1956 par les assureurs français pour définir les règles de bonnes pratiques en matière de protection incendie et de lutte contre le vol. Au programme de cette matinée dédiée à la sûreté en entreprise : quelle démarche globale adopter, comment garantir une cohérence dans l’approche, les outils organisationnels qu’il ne faut pas oublier, présentation d'éléments pour une bonne approche technique en matière de moyens de protection et contrainte réglementaire. Le terrorisme et la cybercriminalité ne seront pas évoqués. Plus d'infos
Contact : Katy Rondeau au 02 43 21 00 37
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