"La méthode de recrutement par simulation (MRS), qui n’est pas basée sur les compétences acquises mais sur le savoir-être et les aptitudes innées, permet d’ouvrir nos recrutements à tout profil, dès lors que la personne a une appétence pour le travail manuel. Car nous formons tous nos futurs artisans maroquiniers en interne pendant trois mois, en vue de leur proposer un CDI à terme " explique Jean Galtier d’Auriac, DRH du Groupe Tolomei, qui compte aujourd’hui 580 salariés (1 800 en France).

 

"L’objectif est de bien accompagner les candidats en leur faisant d’abord découvrir un spectre large de nos métiers et activités, puis selon ce qui aura été décelé chez eux lors des tests - MRS de Pôle Emploi et nos tests internes - les diriger vers tel ou tel savoir-faire au sein de notre atelier : piquage sur des machines différentes, piquage main, découpage…" complète Cyril Didelot, directeur du site Atelier du Maroquinier à La Chartre-sur-le-Loir, pour qui le tutorat est très important. "C’est un cercle vertueux, car chaque collaborateur est accueilli par un artisan à son arrivée, aussi cela facilite l’intégration ! Il y a une ligne-école au sein de chaque atelier.

 

 

Cette immersion en milieu réel est riche d’enseignements pour les futurs artisans, qui alternent formation théorique et pratique et ont rapidement les réponses à toutes leurs questions". Gage de transparence, cette formation au cœur même des ateliers permet de mesurer la réalité et l’exigence du métier : "nous proposons des CDD afin que le candidat juge aussi si le poste lui convient, dans son intérêt afin qu’il s’adapte au rythme et monte en compétences progressivement", ajoute le DRH.

 

Depuis 2016, les campagnes de recrutement, avec l’appui des MRS et les pôles de formation internes du groupe, ont permis de former plus de 600 stagiaires. "Les moyens mis en place ne sont pas encore à la hauteur de nos enjeux, ce qui nous conduit à recourir de plus en plus à l’intérim qui devient un canal de recrutement en CDD et CDI, précise Jean Galtier d’Auriac. C’est pourquoi notre objectif est d’être encore plus proactif en multipliant les canaux de communication pour susciter des envies, pas uniquement chez les demandeurs d’emploi, pour attirer les personnes vers un nouveau métier à la clé !"

 

Car il est nécessaire de comprendre les évolutions des attentes des candidats pour se rendre attractifs auprès d’eux. Aujourd’hui le rapport au travail a tant changé qu’on le consomme comme tout autre bien ou service ! Nous assistons aussi, a fortiori depuis le Covid, à une concurrence accrue avec la vie personnelle. Celle-ci va autant compter que l’intérêt du poste et des missions. C’est pourquoi il faut changer de logique "tout pour le client". De la même manière qu’ils savent se vendre en tant qu’entreprise, il faut savoir se vendre auprès des candidats, en se demandant quelle est leur plus-value. 

 

 

Mon premier conseil est de se rendre dans tous les lieux d’échange pour écouter ce qui se passe dans les autres entreprises et secteurs confondus, et comprendre ce qui a changé. La tendance est au départ de talents et sur des marchés en pénurie comme l’informatique, les entreprises ont augmenté les salaires de 15 à 17 %. D’autres mettent en place la semaine de quatre jours. C’est en écoutant les salariés que chaque employeur pourra individualiser le management. Et trouver la plus-value dont chacun a besoin : débaucher plus tôt, raccourcir sa pause… Aménager le poste comme le temps de travail participent à la reconnaissance attendue par les salariés. Et chercher ce qui est authentique, ne pas être dans de la communication mensongère sous peine d’avoir un effet boomerang au moment de la prise de poste ! Les avis sur Indeed et Glassdoor sont de plus en plus consultés. Ils croient plus en la parole de leurs pairs que des dirigeants, d’où l’importance d’une marque authentique, vraie !

L'événement régional de l'international vous donne de nouveau rendez-vous du 26 au 29 septembre dans les cinq CCI de la région, pour vous éclairer sur toutes les solutions dédiées aux enjeux du développement international des entreprises. 

 

Organisée par les CCI avec la Team France Export Pays de la Loire, International Week propose un programme varié, établi en concertation avec les différents partenaires, avec au Mans : ateliers thématiques, coaching individuel en langues étrangères avec le CEL (Centre d'étude de langues), retours d'expériences.

 

L'étape sarthoise prévoit aussi cette année un Export Game, animé par Amandine Bastien, conseillère en développement international à Grex/CCI de Grenoble, co-fondatrice du jeu, conçu pour faciliter l'international autrement. 

 

 

Export Game est un jeu de plateau sérieux et simple pour primo-exportateurs, start-up ou PME. Chaque équipe gère son entreprise pour gagner des marchés à l’étranger en jouant sur le marketing, le réglementaire et le financier. Tour après tour, il s’agit d’apprendre de son expérience et de réajuster sa stratégie de développement.

 

"Nous avons des retours très positifs, se félicite Amandine Bastien. Les participants apprécient la nouveauté de la méthode pour apprendre sans effort ainsi que l'opportunité de pouvoir tester des stratégies de développement export sans risque. L'échange d'expériences entre entreprises et les potentielles synergies trouvées sont largement plébiscités".

 

Ludique et innovant pour comprendre facilement les rouages du commerce international, Export Game est aussi un moment convivial qui renforce la cohésion des équipes. À consommer sans modération !

 

Contact CCI : Myriam Reuzé au 02 43 21 00 12

 

Le 30 juin dernier, Sarthe International en partenariat avec la CCI Le Mans Sarthe a invité Antoine Bondaz à présenter son analyse sur les tensions entre la Chine et Taïwan et donc les États-Unis. Il dirige notamment le programme Taïwan sur la sécurité et la diplomatie. Ses recherches portent principalement sur la politique étrangère et de sécurité de la Chine et des deux Corées, et les questions stratégiques en Asie de l'Est. Sa présentation lors de la conférence de Sarthe International a été limpide, et depuis, les manœuvres d'intimidations militaires chinoises de cet été n'ont fait que confirmer son analyse. Morceaux choisis... 

 

 

Parler de Taïwan me semble extrêmement important car depuis le 24 février dernier un parallèle est souvent fait entre la Russie et l’Ukraine et la Chine et Taiwan. Se poser la question est une bonne chose mais, à très court terme, le risque de guerre entre la Chine et Taiwan est faible. Mais il y a énormément de scénarios possibles et il faut bien comprendre qu’il n’y a pas besoin d’une guerre pour qu’une entreprise étrangère ayant des intérêts en Chine ou à Taïwan, subisse les conséquences des tensions politiques et géopolitiques entre ces pays.

 

 

Il y a trois raisons principales qui rendent Taïwan si important pour la Chine. Il y a d’abord le récit national chinois : conquérir Taïwan, c’est achever la victoire des communistes sur les nationalistes qui, en 1949, se sont réfugiés à Taïwan. Ensuite, Taïwan est un contre modèle politique très gênant pour la Chine. C’est un pays multi ethnique à majorité Han comme en Chine. Il est démocratique, a un excellent niveau de vie et il peut être très innovant et efficace. Enfin, l’aspect militaire est essentiel ; le jour où les Chinois contrôlent Taïwan, ils ont un large accès au Pacifique. Les États-Unis deviendraient vulnérables et c’est la raison pour laquelle ils s’y intéressent de très près.

 

 

Le scénario le plus probable, c’est celui déjà à l’œuvre avec les pressions économiques. Elles ne font qu’augmenter avec même dans le cas de la Lituanie dernièrement, la mise en place de sanctions extraterritoriales. C’est extrêmement inquiétant et la réponse de l’Europe sera très importante.

 

 

La question n’est pas de savoir si on va faire la guerre ou pas contre la Chine à cause de Taïwan. La question est : comment dissuader la Chine d’entrer en guerre à Taïwan ?

La dissuasion par les objectifs, on n’y arrivera pas. La Chine aura à terme les moyens militaires d’envahir Taïwan. La stratégie est celle de la dissuasion par le coût : rendre le coût d’une telle opération prohibitif pour la Chine sur le plan politique, diplomatique, économique…

 

C’est là que le conflit Russie-Ukraine est intéressant. La Chine observe si les Occidentaux sont crédibles dans les sanctions qu’ils mettent en œuvre et dans le coût qu’ils sont prêts à absorber pour aider les Ukrainiens. L’exemple des sacrifices que sont prêts à faire les européens sur l’approvisionnement en gaz sera essentiel.

Avec le réemploi, le produit ne devient pas un déchet ! Il est soit réutilisé en interne, soit donné ou vendu à un tiers pour une seconde vie dans un usage identique. Le réemploi en entreprise présente bien des avantages. Non seulement il permet de faire des économies et la chasse aux gaspillages, d'allonger la durée de vie des produits, mais aussi de répondre aux obligations réglementaires, tout en menant des démarches originales vis-à-vis des salariés, clients et fournisseurs.

 

Spécialisée dans l'agencement et les travaux de second œuvre pour points de vente, l'entreprise Atelier 41 à Saint-Calais pratique le réemploi depuis quelques années pour certains de ses clients historiques. "De grands groupes pour lesquels nous travaillons ont plusieurs générations de magasins dans leur parc, explique Bruno Darder, le dirigeant. Quand ils rénovent leurs emplacements premiums, le mobilier est stocké chez nous avant d'être réutilisé pour relooker d'autres magasins pour lesquels la rénovation à neuf serait trop coûteuse. Le matériel d'occasion permet un rafraîchissement du lieu à un coût très réduit". Chez Atelier 41, le stockage des équipements pour ses clients fait partie du service proposé. "Cette démarche s'inscrit dans une relation de confiance avec des clients que l'on connaît très bien, sinon cela ne pourrait pas fonctionner."

 

 

En matière de réemploi, les acteurs se mobilisent. La CCI du Maine-et-Loire a ainsi mené l'opération Réflexe Réemploi, avec le soutien de l'Ademe et de la Région. Objectif : susciter de nouveaux comportements d'achats et méthodes d'évacuation des matières et équipements non utilisés, pour favoriser l'allongement de leur durée de vie grâce au réemploi. Onze structures avec des profils variés (taille, secteur d'activité, public/privé, niveau d'engagement dans des démarches d'économie circulaire, etc.) ont été accompagnées. Résultat : 15 dons à des partenaires, fournisseurs ou associations, 20 dons à des acteurs du réemploi, 5 opérations de don/vente aux salariés et 7 échanges entre organes internes ont eu lieu. 130 ordinateurs et 450 pièces de mobilier ont été donnés pour le réemploi ainsi que 12 tonnes de matières issues de travaux. Les échanges intra-entreprises et entre entreprises ont progressé et de nouvelles pratiques ont été adoptées, comme l'achat de matériel de seconde main.

 

Cette opération est renouvelée à l'automne 2022 sur l'ensemble des Pays de la Loire. Sur dix mois, elle inclut visite de qualification des gisements et pratiques en place, pistes d'actions à tester, mise en relation avec des acteurs, points de suivi réguliers, bilan individuel, ainsi que webinaires collectifs et visites collectives en option. Une synthèse individuelle des démarches engagées et un annuaire des acteurs locaux du réemploi seront remis aux entreprises. Cet accompagnement, simple et gratuit pour les participants, est un vrai tremplin pour se lancer. Alors n'hésitez pas ! 

 

Contacts CCI : Angélique Barré au 02 43 21 00 31 ou Valentine Renaud au 02 43 21 00 07

Aide aux plus démunis, lutte contre l’illettrisme, insertion par le sport, création artistique, préservation du patrimoine, sauvegarde d’espèces menacées, recherche médicale... les projets aidés par les mécènes sont extrêmement variés. Encouragé par un des systèmes fiscaux les plus incitatifs au monde, le mécénat est en progression en nombre d'entreprises mécènes et en dons déclarés. Selon l'Admical, plus 10 000 entreprises deviennent mécènes chaque année et le montant total des sommes engagées est estimé entre 3 et 3,6 milliards (tous les dons ne sont pas déclarés). Si ce sont les grandes entreprises qui donnent le plus, 96 % des entreprises mécènes sont des TPE ou des PME. 

 

Pour l'entreprise, il s'agit principalement de contribuer à l'intérêt général, en cohérence avec ses propres valeurs. Le mécénat est aussi de plus en plus un outil stratégique pour valoriser l’image de l’entreprise, renforcer l’ancrage territorial, la cohésion interne ou encore le développement de nouvelles relations avec les partenaires. La démarche s'inscrit pleinement dans le cadre de la loi Pacte qui renforce le rôle social des entreprises.

 

"L'entreprise a un rôle sociétal à jouer… Nous, c'est la culture, affirme Laurent Godret expert-comptable et commissaire aux comptes, président du cabinet Altexa du Mans et président du Cercle des mécènes du Théâtre Les Quinconces-L'espal. Notre but est de rendre le spectacle vivant accessible au plus grand nombre, notamment au public jeune. Au travers d'un fonds de dotation, nous récoltons des dons pour financer certains spectacles qui, pour certains, ne pourraient pas être présentés sans notre participation." Le fonds de dotation réunit des entreprises de toutes tailles ainsi que des particuliers. Les dons sont principalement numéraires mais en nature également, avec la mise à disposition de matériels (véhicules par exemple). "Les mécènes peuvent inviter des salariés, des clients ou autres partenaires à des spectacles". Ce qui compte aussi pour le Cercle des mécènes (ou le fonds de dotation), c'est de favoriser l'attractivité de la ville. "L'offre culturelle sur un territoire contribue à le rendre attractif. C'est important pour attirer des salariés qualifiés."

 

 

Avec environ 710 bénévoles réguliers, les Restos du Cœur en Sarthe aident 12 100 familles en situation de précarité extrême (57 % des bénéficiaires ont moins de 25 ans). Un chiffre en très forte progression depuis deux ans avec la pandémie (+ 60 %). De nouveaux profils demandent de l'aide : jeunes actifs précaires, étudiants, micro-entrepreneurs, familles monoparentales… Outre l'aide alimentaire qui reste au cœur de l'action, d'autres activités sont déployées depuis cette année pour favoriser leur insertion ou réinsertion (recherche d'emploi, ateliers cuisine, ateliers coiffure ou estime de soi, jardins de proximité, accompagnement budgétaire, etc.). "Sensibiliser les entreprises et nouer des partenariats dans le cadre du mécénat est fondamental pour nous, explique Marc Beaulaton, référent départemental en mécénat d'entreprise et en prospection. Nous avons grand besoin de dons financiers bien sûr, mais également de dons en nature et de compétences." L'association a un besoin urgent de véhicules, notamment frigorifiques, ou permettant la mobilité des bénéficiaires et de locaux. 

 

Orange, partenaire des Restos au niveau national, a détaché Marie-Christine Véron depuis le 1er décembre 2021 pour une durée de deux ans. Elle a intégré les pôles Logistique et Agap (Aide globale à la personne). "Je travaille à mi-temps dans le cadre d'un congé de fin de carrière. C'est une activité pleine de sens pour moi", se félicite-t-elle. Selon le baromètre Admical, le mécénat de compétences progresse avec une entreprise mécène sur cinq qui le pratique (un chiffre qui a doublé en deux ans).

L'association a aussi un projet avec le club Polaris, club d'entreprises Le Mans Nord, pour insérer ou réinsérer professionnellement des bénéficiaires. Une forme de mécénat également…

 

 

- Pôle Mécénat des Pays de la Loire, CCI du Maine-et-Loire au 02 41 20 49 27

- Admical (association pour le développement du mécénat) : admical.org

"La donnée est l’essence même de l’entreprise, c’est un patrimoine à protéger puisqu’il représente tout le savoir-faire", rappelle Frédéric Daniel, consultant manager pour Orange Cyberdefense, qui accompagne TPE-PME des Pays de la Loire. "95 % des problèmes débutent par une erreur humaine".

 

À l’heure du télétravail qui a exacerbé le cyber risque, toute entreprise peut aider chacun de ses salariés à s’en protéger. "La première étape consiste à les sensibiliser. Mais on ne sensibilise pas de la même manière un salarié à la logistique ou un commercial, qui n’ont pas les mêmes usages ni niveau d’intérêt pour l’informatique". Un message sur la fraude au virement intéressera la comptabilité, tandis que d’autres devront être sensibilisés à leur usage du téléphone… 

 

 

"Une des erreurs les plus courantes est le mauvais paramétrage des environnements cloud", met en garde Frédéric Daniel, qui conseille aussi de veiller à l’obsolescence des systèmes. "La base consiste à lancer les mises à jour régulièrement, qui font évoluer les systèmes au niveau sécurité, puis il faut apprendre à ses équipes les bonnes pratiques : comment identifier les mails de phishing ? Qu’est-ce qu’un bon mot de passe ?" Sachant que la puissance de calcul des pirates leur permet de casser un mot de passe en moins de 10 minutes, la mise en place d’un coffre-fort numérique est recommandée. "Cela permet de stocker l’ensemble de ses mots de passe de manière sécurisée - via un seul mot de passe robuste - sans avoir à tous les mémoriser".

 

Ensuite, veillez à toute sollicitation sur des sujets d’entreprise, dès lors que l’on ne connaît pas la personne : "faites valider les demandes, via des process internes ou d’autres outils". La règle clé tient à ne partager aucune information professionnelle, quelle qu’elle soit. "Surtout sur les réseaux sociaux, attention à ce que chacun partage, la communication doit être cadrée !" insiste le consultant. Veiller à ne rien laisser visible, sur son bureau d’ordinateur comme physique, à l’instar d’un post-it avec un code de réunion ou un fichier excel… 

 

 

Si le e-learning est plébiscité, "il faut donner du sens à ce que l’on met en place pour faciliter l’apprentissage et la progression. Utiliser les bons vecteurs pour que les messages soient mieux retenus et non perçus comme une contrainte, en apportant un aspect ludique". Un escape game permet de mettre les salariés dans la peau de hackers, et d’autres actions simples peuvent être mises en place : "une animation à une pause-café, des serious games avec un code de la route cyber…"

 

Puis il faut vérifier que le message a bien été reçu : "laisser trainer des clés USB avec un malware, un faux-phishing, des quizz…" Et pour rendre chaque salarié acteur sur le sujet, "n’hésitez pas à avoir des relais au sein de l’entreprise, qui seront référents auprès de leurs équipes". L’objectif final est d’intégrer cette gestion du risque au cœur de sa stratégie : "comme on forme à la sécurité sur les chantiers, la cybersécurité fait partie de l’hygiène de l’entreprise !" conclut-il.

 

 

Contact Ruche numérique CCI : Julie Hacault au 06 32 46 61 67 ou julie.hacault@lemans.cci.fr

Si les piliers de l’éco-conception ont été posés dès 2002 au niveau international, avec la parution de la norme Iso/TR14062, l’État français s’est mobilisé pour passer de sa conceptualisation - "intégrer les caractéristiques environnementales dès la conception d’un produit ou service, en vue d’améliorer sa performance environnementale tout au long de son cycle de vie" - à la réalité, accessible à tous. En effet, l’enquête réalisée à la demande de l’Ademe en 2020 auprès de 400 entreprises avait permis d’identifier que 20 % d’entre elles intégraient une démarche d’éco-conception systématiquement, 13 % démarraient la démarche, 29 % étaient intéressées, mais n’étaient pas passées à l’action faute de moyens techniques (outils, données), organisationnels et financiers. 

 

 

Afin d’y remédier, l’Ademe, avec les financements France Relance, a pu renforcer son soutien aux entreprises en proposant un panel d’aides exceptionnelles. Au total, 1,2 milliard d’euros sont mobilisés pour soutenir la transition écologique, dont 500 millions d'euros pour encourager le réemploi, la réutilisation et le recyclage. Grâce au dispositif Orplast (Objectif recyclage plastique) les plasturgistes BVI et Samex (pages 22-23) ont ainsi déjà engagé des actions et une démarche globale, dans laquelle l’éco-conception prend tout son sens. Des premiers pas (Tremplin) à la mise en œuvre d’actions dédiées jusqu’à la communication environnementale, l’Ademe en partenariat avec la CCI sensibilise le plus grand nombre, pour notamment contrer des idées reçues.

 

"Les études sur les produits éco-conçus démontrent que cela ne réduit pas forcément la rentabilité de l’entreprise, au contraire !" souligne Amandine Authier, de l'association nationale Pôle éco-conception, qui accompagne les entreprises à travers des formations et rappelle : "le dirigeant peut être sensible à l’impact environnemental, mais il est avant tout à la recherche d’opportunités pour entreprendre et pérenniser son entreprise !" Justement, l’une des clés de réussite tient à ne jamais décorréler la réflexion environnementale de la stratégie de son entreprise. Parmi les dirigeants déjà engagés, Jean-Michel Parellada de Samex encourage les industriels : "transformons les contraintes réglementaires en opportunités ! L’éco-conception permet d’obtenir un avantage concurrentiel, d’anticiper sur les marchés de demain et de répondre aux attentes de nos clients qui sont également soumis aux règles environnementales !" 

 

 

Qui a dit qu’environnement ne pouvait pas rimer avec rentabilité ? Pour 96 % des entreprises interrogées par le Pôle éco-conception et l’Institut de développement de produits, l’éco-conception a un effet neutre ou positif sur les profits de l’entreprise, en termes absolus. La marge bénéficiaire des produits éco conçus se situe, en moyenne, à 12 % au-dessus de la marge des produits conventionnels. Pour une grande majorité des répondants, parmi les motivations, si la sensibilité environnementale du dirigeant prime (64 %), avec l’anticipation des futures réglementations (40 %), la recherche de nouveaux marchés est un motif récurrent, avec la différenciation de la concurrence. "Il y a souvent une recherche d’innovation. Car en imaginant une nouvelle façon de concevoir, on remet à plat le processus de développement de l’entreprise", explique Amandine Authier. 

 

Autre enseignement, plus l’entreprise est petite, plus ses chances de rentabiliser ses activités d’éco-conception sont élevées. "C’est lié à la transversalité de la démarche, car l’entreprise doit être pleinement impliquée à tous les niveaux pour réussir. Une des forces des TPE-PME est de pouvoir agir rapidement en dialoguant avec les différents services pour déployer l’éco-conception à toutes les étapes du process", souligne-t-elle.

 

 

Au-delà de ces aspects stratégiques et économiques, de nombreuses entreprises, ont pu mesurer les bénéfices de la démarche sur d’autres plans. L’étude du Pôle écoconception/Ademe révèle que 62 % des entreprises interrogées ont constaté une amélioration de l’image ou de la notoriété, 48 % une meilleure relation avec les clients, 38 % une augmentation de la motivation ou de la fierté des employés, 29 % une amélioration de la capacité à développer de nouveaux produits, à innover.  "La démarche contribue à fidéliser ses équipes, en donnant du sens et des valeurs à l’activité, ce qui est de plus en plus demandé par les candidats et salariés, a fortiori depuis la pandémie", souligne Amandine Authier. "Elle augmente la valeur de sa société (résultats, images), permet de répondre davantage aux attentes de sa clientèle en lui proposant des produits innovants, tout en s'alignant avec les démarches de responsabilité sociétale de l’entreprise", confirme l’Ademe. "Ce sont souvent des projets fédérateurs pour les entreprises", ajoute Aude Bougain de l’Ademe.

 

 

Pour optimiser ses chances d’obtenir ces retombées positives, un des ingrédients clés consiste à prendre en compte toutes les étapes du cycle de vie du produit dans son approche, comme le rappelle Aude Bougain : "depuis l'extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie du produit, on vérifie par exemple que les assemblages permettent le recyclage. L’idée étant d’éviter les transferts d’impacts pour obtenir la meilleure performance environnementale possible". "Il faut être vigilant sur la matière - biosourcée, biodégradable - comme à la consommation d’énergie nécessaire pour faire le meilleur choix ! ", souligne le dirigeant de BVI.

 

Car l’éco-conception est la recherche du plus "juste compromis" avec toutes les autres contraintes liées à la conception d’un produit ou service. "La démarche intègre les réflexions environnementales, au même titre que la faisabilité technique, la maîtrise des coûts et délais, la commercialisation, ainsi que la performance d’usage… " confirme Aude Bougain. L’Ademe propose des accompagnements financiers adaptés au contexte de chaque entreprise.

 

 

Afin d’être bien entouré, le Pôle éco-conception comme la CCI avec l’Ademe orientent les dirigeants selon leurs besoins. "Le dispositif Tremplin permet de faire le premier pas, en quelques heures nous pouvons déjà travailler sur leur stratégie, leur choix de produit, les axes prioritaires… pour qu’ils s’approprient la démarche. Ensuite ils peuvent monter en compétences via d’autres dispositifs aidés de l’Ademe", encourage Amandine Authier.

 

Cet accompagnement sera bienvenu d’autant que "plus l’entreprise sera méthodique, entre autres en faisant appel à un outil dédié, plus la rentabilité de l’éc-oconception sera élevée".  Le dispositif dédié à la communication déployé par l’Ademe permet d’afficher ses avancées, avec notamment l’écolabel européen ou la marque Impact environnemental. Pour éviter tout green washing, cette communication est normée : "Cela répond aux besoins des consommateurs et permet de valoriser la démarche de l’entreprise", conclut Amandine Authier. 

 

 

"Depuis cinq ans, si notre process était déjà orienté sur l’éco-conception, nous ne nous concentrions pas sur l’ensemble du cycle de vie et souhaitions en mesurer précisément les impacts", explique Xavier Bouglé qui, avec son frère Yannick et Olivier Voisin, ont créé BVI en 2012 afin de participer au sauvetage du dernier fabricant de brosses à dents français (ex-Duopôle). Misant sur le Made in Sarthe, le site de la Ferté-Bernard injecte en série des pièces spécialisées pour les industriels du sport et loisir, du bâtiment, de l’aéronautique, de l’électronique, du paramédical et de la cosmétique.

 

"Grâce au programme Orplast, nous recyclons 70 % de nos déchets techniques", souligne le dirigeant qui attend les dernières machines qui viendront compléter le parc de broyeurs, aspirateurs double voies… "En 2019, nous consommions 130 tonnes de matières premières dont 15 étaient récupérées par Paprec. En 2021, sur 165 tonnes, ces déchets ne représentent plus que 3,5 tonnes !" En parallèle, BVI a réussi à augmenter la part de matières premières recyclées (MPR) de 27 à 45 %. Fort du succès obtenu sur différents produits, BVI a pu aider un navigateur à concevoir un bouchon de bateau dans une matière régénérée… à partir de bouteilles d’eau.

 

 

"Navyclic est un bel exemple de la réflexion sur l’ensemble du cycle de vie, car nos choix de matières permettent que les bouchons ne coulent pas et soient en fin de vie séparables pour être recyclables à 100 %", souligne Xavier Bouglé. Afin d’être force de proposition, l’équipe dirigeante a rejoint le programme d’éco-conception proposé par la CCI avec l’Ademe : "je me forme avant de transmettre en interne, pour savoir mesurer les impacts de chaque produit, et pouvoir afficher combien d’allers-retours Paris-Dubaï ont été économisés !" BVI a déjà dépassé son investissement prévu de 128 000 euros, dont 65 300 sont financés par Orplast. "En réutilisant près de huit tonnes de matières, cet investissement a déjà été amorti. C’est un engagement nécessaire pour rester compétitif à long terme, d’autant que les consommateurs le réclament, obligeant tous les industriels à s’engager, y compris récemment des secteurs comme la cosmétique", se réjouit-il.