Selon l’étude de BPIFrance Le Lab "Attirer les talents dans les PME et les ETI", les difficultés de recrutement sont le premier frein à leur activité : 83 % d’entre elles ont des difficultés de recrutement, dont 46 % des difficultés sérieuses pouvant impacter sensiblement la progression du chiffre d’affaires. "34 % des entreprises ont refusé des commandes par manque de personnel l’an dernier et 25 % des employeurs n’ont pu recruter de cadres faute de candidats", confirme Christelle Champion, consultante à l’Apec.
Ces tensions sur le marché du travail ont pris une ampleur telle depuis la crise, qu’elles bouleversent certains secteurs comme l’hôtellerie-restauration, le BTP, le transport et la logistique, la grande distribution... Une étude de la Dares l’explique par un manque d’attractivité pour certains secteurs, auquel s’ajoutent "une rémunération peu attrayante, des conditions de travail difficiles, un manque de compétences, un turnover du personnel élevé".
Des salariés en quête de sens
"Les entreprises doivent prendre conscience qu’elles sont en concurrence, à poste et salaire égaux, sur le critère des conditions de travail - horaires, télétravail, environnement… - qui comptent plus dans la prise de décision des candidats", confirme Christelle Champion. Les arbitrages ne sont plus les mêmes depuis la crise. "Plus qu’avant la pandémie, les cadres, les jeunes, mais aussi les seniors recherchent du sens à leur activité", a rappelé dans la presse Benoît Serre, vice-présent de l’ANDRH.
Après la pandémie, les salariés ne veulent plus travailler comme avant : plus envie d’accepter des horaires décalés, une présence les week-ends, de ne plus voir ses enfants ni perdre des heures dans les transports quand le télétravail est possible… Des attentes à ne pas négliger, à l’heure où les États-Unis ont vu apparaître le phénomène de "Grande démission" : en juin 2021, environ 3,9 millions d’actifs ont quitté leur emploi. La pandémie a complètement modifié nos rapports au travail. Selon l’économiste Daniel Cohen, elle a eu le même effet que mai 1968 : elle a fait (re) découvrir qu’il n’y a pas que le travail dans la vie.
Soigner sa marque employeur
Dans ce contexte de pénurie de profils, l’employeur ne doit pas pour autant chercher à plaire à tout le monde. C’est en affirmant sa différence, notamment par sa marque et les valeurs qui y sont associées, qu’une entreprise deviendra attirante aux yeux des candidats dont elle a vraiment besoin. "Développer et communiquer sur sa marque employeur n’est réussi que si celle-ci est le reflet de ce qui se passe vraiment à l’intérieur", explique Christelle Champion, pour qui le bien-être et l’épanouissement des salariés permettront de faire rayonner naturellement l’entreprise, "c’est le fondement de la marque employeur !"
C’est sur ces enjeux que la CCI a organisé en juin dernier un webinaire avec ADN Ouest, où la question de l’attractivité s’est révélée centrale : "80 % des jeunes souhaitent être en phase avec la culture de l’entreprise et regardent attentivement la politique RSE par exemple", a rappelé Jean-Marie Celette, d’ADN Ouest, qui a conseillé d’être "authentique et de mobiliser ses collaborateurs, ambassadeurs de l’entreprise". Car de LinkedIn à Glassdoor en passant par Facebook, pléthore de sites permettent d’évaluer "l’expérience candidat". Et quand on sait que 83 % des embauches commencent par une recherche en ligne (source LinkHumans) et que 79 % des candidats de moins de 35 ans utilisent les réseaux sociaux pour leur recherche, y valoriser sa "marque employeur" est indispensable. "Ça commence par bien rédiger ses offres, communiquer sur les réseaux sociaux et avoir une partie RH sur son site internet, première vitrine", complète la consultante.
Clarifier le besoin réel et identifier les soft skills

"Attirer passe par l’identification des valeurs de l’entreprise et des perspectives qu’elle offre, en commençant par se demander comment elle se démarque", confirme Magalie Macouin, qui accompagne à l’IDC (Institut de développement des compétences, un service de la CCI) les dirigeants dans cette démarche. Car il ne suffit plus de faire connaître ses offres. "Il faut rendre vivant le poste et mettre en avant le contexte et les atouts de l’entreprise. Ne pas rester sur une offre calquée sur la fiche de poste, froide et technique mais créer une offre orientée "candidat". Cela peut être une offre augmentée qui renvoie vers les réseaux sociaux, un site, une vidéo… réalisée avec un smartphone qui filme un collègue par exemple", conseille Christelle Champion.
L’offre, "pensée comme une vitrine pour valoriser l’attractivité du poste", explique l’Apec, mentionne désormais l’utilité générale des missions (71 % des offres) et les conditions de travail (66 %). Car après la rémunération, ces éléments font partie des critères essentiels pour les cadres.
Avant de communiquer ces éléments, avec la transparence attendue, une première étape consiste à clarifier ses besoins. "L’employeur doit identifier ce qui va être vraiment indispensable sur le poste en termes de compétences sans oublier le savoir-être, car certains, sans être diplômés, ont des qualités et appétences pour un métier et, une fois intégrés et formés, se révèlent de véritables talents !", rappelle Magalie Macouin qui encourage à recruter autrement, en identifiant notamment les soft skills grâce à des tests de personnalité, mises en situation et échanges. Ces compétences comportementales, transversales et humaines, qui complètent les hard skills (compétences techniques) ne doivent pas être sous-estimées.
Selon le baromètre Parlons RH & We Suggest, si 78 % des recruteurs ont le sentiment de bien les connaître - et de bien les évaluer - près de 46 % des recrutements échouent après un an et demi… et presque la totalité de ces échecs sont dus à un problème de comportement, c’est-à-dire de soft skills mal évalués. D’où l’importance de bien les analyser et de trouver des méthodes pour les repérer. D’autant que ces soft skills sont un levier pour enrichir l’entreprise et créer des synergies : "se baser strictement sur les hard skills peut conduire à recruter des clones (mêmes formations, expériences jumelles…). Ajouter l’évaluation des soft skills (…) permet au contraire de jouer la carte de la complémentarité et de la diversité", précise Manuelle Bermann dans l’étude.
Recruter autrement

"La méthode de recrutement par simulation (MRS) permet de repérer via des exercices dédiés au poste, des habiletés, des compétences identifiées en amont par l’entreprise", explique Christelle Dexant, en charge des MRS à Pôle Emploi Le Mans gare. D’autres dispositifs facilitent la mise en situation, ce qui permet de sécuriser les recrutements : période de mise en situation professionnelle (PMSMP), actions préalables au recrutement (AFPR), dispositif POE (Préparatoire opérationnel à l’emploi)... "Nous construisons un dispositif sur mesure qui permet d’intégrer des candidats et de les accompagner pour compléter si besoin les compétences manquantes", ajoute-t-elle. Les lignes ayant bougé côté candidat, aux employeurs de changer de boussole ! "Un des piliers consiste à s’ouvrir à tous les profils, en s’appuyant sur les partenaires (Opco, Pôle Emploi, Apec…) qui organisent des forums inversés, où l’on travaille sur le repérage de compétences transverses. Cela permet des rencontres qui n’auraient jamais eu lieu sur simple CV !" encourage Christelle Champion. Le succès du dernier Job dating inversé organisé par Pôle Emploi au Mans vient confirmer ce changement tant dans les méthodes que dans l’état d’esprit à adopter.
Élargir les horizons
"On recommande d’utiliser différents canaux, de l’offre d’emploi aux réseaux sociaux sans oublier le réseau de relations, dont celui des salariés qui seront des ambassadeurs" précise Christelle Champion. Soigner ses collaborateurs est d’autant plus important que "plus les entreprises sont petites, plus elles recrutent via leur propre réseau". Si chaque salarié se sent acteur, ce sentiment d’appartenance agira tel un cercle vertueux.
L’entreprise pourra ainsi s’appuyer sur un véritable réseau de prescripteurs naturels. Au-delà de la participation à des salons et événements dédiés, Magalie Macouin conseille aussi d’entretenir ses viviers : "Être proactif auprès des filières de formation. Et avec les partenaires, proposer des sessions collectives, portes ouvertes... Cela augmente la visibilité sur le terrain, car le réseau de proximité reste le premier pourvoyeur de candidats ! conclut-elle.
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- Eval’RH : permet de faire le point sur sa stratégie, son organisation, ses besoins en compétences avec un expert RH avant de recruter pour bien identifier ses besoins.
- Eval’recrutement : s’appuyer sur une évaluation externe pour soutenir sa prise de décision.
- Aide au recrutement : confier tout ou partie de son process recrutement à un expert.
- Marque employeur : recruter autrement et travailler votre attractivité.
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